Justification de l'amendement

Je pense que pour l'instant c'est une meilleure option de vote que la proposition de Raul car la décision à prendre lors du scrutin à venir est alors simple : garder ou pas non-free ; elle ne nécessite ni de prendre d'autres décisions plus tard en fonction du résultat, ni ne lie le résultat sur cette question à d'autres modifications indépendantes que les gens pourraient ou pas soutenir.

Je pense que garder non-free est utile dans de nombreux cas.

Premièrement, cela nous permet de fournir des paquets utiles que nous ne pourrions pas fournir autrement. À l'avenir, nous pouvons probablement nous attendre à ce que non-free soit la seule manière de distribuer certaines choses comme les manuels GNU et les pilotes sans fil Centrino. Par le passé, cela nous a permis de distribuer, entre autre, Qmail, Qt, netscape, ncftp et java.

Deuxièmement, cela nous permet de nous assurer que notre système d'exploitation fonctionne correctement avec des logiciels non libres populaires, et vice versa ; les logiciels dans non-free peuvent être maintenus avec tous les outils habituels qui existent pour la distribution principale de Debian : analyse des dépendances, constructeurs automatiques, et même aide à la sécurité. Sans ces logiciels dans l'archive Debian, il devient bien plus difficile pour les développeurs de logiciels libres de reproduire des rapports de bogues contre leurs paquets lors de l'utilisation de certaines applications non libres.

Troisièmement, cela nous permet d'établir des relations productives avec les auteurs originels de logiciels non libres, ce qui donne à la communauté du logiciel libre un moyen efficace de transmettre ses besoins et ses désirs. Dans certains cas cela permet de faire paraître le paquet sous une licence libre, dans d'autres cela nous donne l'opportunité d'augmenter la compatibilité entre les applications, dans d'autres enfin cela fait simplement apparaître que les bons arguments ont été présentés à l'auteur originel mais n'ont pas été acceptés.

Bien qu'aucun de ces arguments ne puisse être prouvé avec logique, chacun d'eux s'appuie sur une preuve tangible — le fait que des gens prennent la peine de maintenir et installer un paquet est une preuve que certains logiciels non libres sont utiles, il y a de nombreux exemples de paquets de non-free réédités sous une licence libre (et bien plus dans ce sens que dans l'autre, malgré le nombre grandissant de paquets dans l'archive principale), de nombreux paquets de non-free sont mieux intégrés à Debian par nous que par leur auteur originel, et ainsi de suite.

Au contraire, il n'y a, autant que je sache, absolument aucune preuve permettant de prétendre que le soutien de non-free a un coût notable. Le coût en ressources de non-free est insignifiant : les quantités d'espace disque et de bande passante totales utilisées sont, la plupart du temps, inférieures au nombre de téléchargements dans l'archive principale. Le coût en main d'œuvre est aussi assez faible : toute l'aide au suivi est gratuite puisque déjà fournie pour l'archive principale (et contrib) ; (j'ai estimé que) l'aide au paramétrage elle aussi est insignifiante et, ayant déjà été fournie, elle ne peut pas être récupérée. De la même façon, certains prétendent que la suppression de non-free serait une bonne chose car elle nous inciterait à demander aux auteurs de logiciels non libres de choisir une autre licence s'ils souhaitent que leurs logiciels soient distribués par Debian. Ces allégations ne reposent cependant sur aucun fait réel.

D'un autre côté, le coût potentiel de la suppression de non-free est assez facilement mesurable. Il a été avancé que si l'infrastructure de Debian était réellement précieuse pour les logiciels non libres, alors si nous arrêtions de la fournir, quelqu'un d'autre le ferait. C'est, je pense, un coût significatif car maintenir l'infrastructure Debian n'est pas simple, même en excluant tout le développement, il faut s'assurer que les serveurs sont sûrs, que les bonnes personnes ont les droits de téléchargement, éviter les pourriels, et s'assurer de la disponibilité constante du système ; or les seules personnes qui paraissent pouvoir y investir semblent être celles qui auraient sinon investi dans des choses bénéfiques pour Debian — soit en maintenant mieux des logiciels non libres pour les utilisateurs de Debian, soit plus certainement en travaillant sur des logiciels libre ou sur l'infrastructure de Debian utile aux utilisateurs de logiciels libres.

Enfin, je pense que prendre la résolution de conserver non-free est une meilleure solution que de poursuivre la discussion. Ceci afin que nous puissions assurer clairement tous nos membres et tous nos utilisateurs de nos intentions dans l'avenir sur cette problématique controversée.


Manoj Srivastava