Programme de Branden Robinson pour l'élection 2005 du responsable du projet Debian

Introduction

Je suis développeur Debian depuis début 1998. Mon travail le plus important dans Debian a été l'entretien des paquets XFree86, entretien que j'ai réalisé pendant sept années à mars 2005. Depuis 2001, j'ai également servi au bureau de direction de Software in the Public Interest, Inc., la société à but non lucratif responsable de la tenue des avoirs du projet Debian aux États-Unis. Mon emploi chez Progeny, l'entreprise Linux cofondée par le fondateur de Debian Ian Murdock, est dans sa cinquième année, et j'y tiens à la fois des responsabilités de gestion et de conception. Je suis marié et sans enfant. À mon grand chagrin, j'ai récemment passé la trentaine.

Je me suis aussi présenté aux élections du responsable du projet Debian depuis 2001, mais pas encore avec succès. Je continue de me présenter car je perçois toujours, à l'intérieur du projet Debian, des problèmes et des opportunités auxquels je souhaiterais m'attaquer à partir de la seule position de direction élue dans Debian. Je n'étais pas enclin à me porter candidat cette année, et j'avais posté une déclaration en ce sens, mais grâce aux encouragements d'une centaine de développeurs Debian (dont cinq candidats développeurs qui rejoindront nos rangs bientôt), j'ai été persuadé de me porter candidat. Ces personnes m'ont fait comprendre que mes \objectifs étaient toujours d'actualité, et que j'en étais toujours un promoteur convainquant. Je remercie chaleureusement tous ceux qui m'ont demandé, en public ou en privé, de m'inscrire sur l'ardoise des candidats cette année.

Mes objectifs

J'ai beaucoup écrit à propos de mes objectifs dans mes programmes précédents de responsable du projet Debian. Comme mes diagnostiques des défis de Debian n'ont pas changé de manière significative ces dernières années, et afin d'épargner aux volontaires de Debian le travail de traduction de texte supplémentaire, je vous demande de regarder mon programme 2004 plus de plus amples informations.

Ce qui change cette année

Je suis heureux de vous informer que, il y a un peu plus d'un mois, on m'a demandé de prendre part à une nouvelle approche de la direction du projet Debian. Jeroen van Wolffelaar, Andreas Schuldei, Enrico Zini, Steve Langasek, Bdale Garbee et moi-même avons formé le « projet Scud », une équipe de développeurs Debian intéressés qui ont décidé d'utiliser une nouvelle approche pour résoudre les problèmes qui datent à l'intérieur du projet.

Les forces d'une approche basée sur une équipe sont évidentes : il y a plus d'énergie pour découvrir le travail à faire, plus de temps à consacrer aux tâches de direction et — le plus important — les responsabilités peuvent être réparties pour correspondre au mieux aux atouts de chacun. Alors qu'il peut n'y avoir aucun candidat responsable du projet Debian qui reflète la vision idéale de responsable du projet d'un votant, nous avons déjà vu plusieurs fois dans le projet Debian comment une équipe motivée et harmonieuse peut faire évoluer les choses et les faire fonctionner sans accroc.

De même, avec un unique responsable élu du projet Debian, il reste toujours de la place pour prendre des responsabilités. La responsabilité ultime pour les décisions de direction incomberont toujours au responsable élu du projet Debian. Une seule personne reste et doit rester redevable des décisions de direction en dernier ressort, et cette personne est le responsable du projet Debian.

Si vous n'êtes pas familiers de tous les détails de notre système de scrutin, la méthode Condorcet avec abandon séquentiel sans clone/Schwarz, Condorcet with Cloneproof/Schwarz Sequential Dropping, vous pouvez vous demander pourquoi le projet Scud présente deux candidats. Notre point de vue est cohérent avec les analyses d'Anthony Towns et d'autres mathématiciens, et la méthode de scrutin de Debian n'entraînera pas de dispersion sur les candidats de l'ensemble des votes pour le projet Scud.

Une des choses qu'une personne perdant des élections apprend est d'analyser ses propres défauts. Je ne me nourris pas d'illusions en pensant être un parfait candidat au poste de responsable du projet Debian, et je ne me sens pas à l'aise avec les candidatures sorties du chapeau que des élections disputées semblent créer. L'initiative du projet Scud en supprime même la tentation. Six personnes peuvent souvent arriver là où une seule échouerait.

Ce que je propose

Voici ce que je vous propose en tant que responsable du projet :

  1. Un service ininterrompu de sept années dévoué à Debian. En sept années, je n'ai jamais eu d'interruption prolongée. Même lorsque je suis en vacances quelques jours, je m'efforce de passer, de récupérer mon courriel, de dire bonjour à mes collègues sur les canaux IRC, et à faire le tri dans les quelques bogues de sévérité importante remplis contre mes paquets. Je suis là depuis un certain temps et je ne prévois pas de m'en aller ;
  2. Une base solide sur les questions techniques, légales et sociales. XFree86 est un paquet connu pour la difficulté que l'on rencontre face aux problèmes techniques — les gens qui étaient suffisamment sensés pour ne pas l'avoir adopté sept ans plus tôt me l'ont dit. On me rencontre sur la liste de diffusion debian-legal depuis quelques années, et j'ai souvent été sollicité par mes collègues développeurs pour étudier en détail les termes d'une licence et pour partager mes appréciations sur leur conformité aux principes du logiciel libre selon Debian ainsi que pour des questions de distribution et de responsabilité (cela dit, je préfère m'en remettre à des avocats professionnels pour les conseils juridiques actuels). J'ai aussi été responsable de la force de frappe X de Debian, l'équipe d'entretien responsable du paquet XFree86 et des paquets associés pendant plus d'un an, et comme indiqué précédemment j'ai été au bureau de direction de SPI pendant plus de trois années. J'ai rencontré et discuté avec des douzaines, peut-être même des centaines, de mes collègues dans le projet et j'ai été à de nombreuses conférences où Debian était présent, dont LinuxWorld à New York, LinuxWorld à San Francisco, l'exposition Linux à Atlanta, et les conférences Debian (où j'ai fait des présentations). Je tirerai de nombreux avantages de ces connaissances et de ces expériences en tant que responsable du projet Debian ;
  3. Du courage. J'ai reçu mon lot de colères et de critiques au cours des années. Je ne me suis pas affaibli de ces critiques — j'ai fait de mon mieux pour apprendre d'elles, et, lorsque qu'on m'a persuadé que j'étais dans le faux, j'ai ravalé ma fierté et admis mes erreurs (j'ai aussi de nombreuses archives de mes courriels que je conserve pour les sceptiques :)). Je crois que la position de responsable demande un équilibre entre confiance et humilité, et que ces deux traits demandent du courage. L'arrogance est réservée aux faibles. En tant que responsable du projet Debian, je promets de représenter notre projet avec intégrité, cela inclut de savoir quand et où d'autres peuvent mieux nous représenter ;
  4. De la ténacité. Je ne suis pas quelqu'un qui abandonne facilement. Les problèmes du projet Debian ont parfois des racines profondes, mais notre récompense à tous pour les résoudre n'en sera que plus grande. Je crois que j'ai démontré au cours des années passées que je n'abandonnais pas facilement une tâche que je considérais importante. En tant que responsable du projet Debian, je souhaite varier mon approche ou déléguer des responsabilités, mais je ne délaisserai pas un problème tant qu'un consensus n'aura pas été trouvé dans le projet pour dire que nous ne devons plus nous en occuper. Je suis déterminé à créer un patrimoine dont nous puissions être fiers ;
  5. Une détermination à l'ouverture et à la visibilité. Une contrepartie importante de la ténacité est l'exposition — se casser les dents sur un problème peut causer du tort sans avoir la possibilité de se rattraper grâce à ses collègues. Depuis presque deux années, la nature de mes modifications (et celles d'autres) apportées aux paquets entretenus par la force frappe X a été publiquement enregistrée en détail sur la liste de diffusion debian-x. À plusieurs occasions, des failles ou des erreurs d'inattentions ont été trouvées et corrigées par d'autres avant même qu'elles n'entrent dans la distribution instable de Debian. En tant que membre du bureau de SPI, j'ai appris d'expérience que la visibilité n'est pas seulement souhaitable, mais critique — en particulier lorsqu'il s'agit de problèmes. Je poste régulièrement des comptes-rendus sur la liste de diffusion spi-private que tous les membres contributifs de SPI (et donc les développeurs Debian) peuvent lire et commenter. La position de responsable du projet n'est pas un trou noir dans lequel les problèmes complexes peuvent être jetés pour s'en débarrasser définitivement. En tant que responsable du projet Debian, je promets de produire au moins un rapport d'état sur la liste de diffusion debian-devel-announce chaque mois, rapport dans lequel je détaillerai non seulement mes succès, mais aussi les domaines où je n'ai pas été capable d'accomplir des progrès. Armé de ces informations, je m'attends à ce que tout le corps des développeurs Debian propose des idées et prenne part à la résolution des défis qui nous font face.
  6. Une vision. Malgré les défis sur lesquels je me concentre, Debian continue d'être un endroit passionnant où passer la majorité de mon temps libre (et même de ma carrière). Nos engagements à doter les gens de liberté logicielle, de choix réels, et de maîtrise technique plutôt que de les asservir aux ordinateurs continue de m'inspirer, et ils sont les raisons qui font que je reste un développeur. Dans notre organisation, nous sommes fortement égalitaires et nous avons une hiérarchie aussi petite que possible. Se faire admettre dans nos rang peut être un défi (et n'est parfois pas rapide), mais une fois dans le projet, il y a peu d'obstacles pour les gens de talent. Les enchaînements de rencontres DebConf (pour lesquelles l'un de mes collègues candidat et membre du projet Scud, Andreas Schuldei, mérite beaucoup de récompenses) renforcent notre sens de la camaraderie, ce qui nous rend en fin de compte plus productifs et plus résistants aux turbulences extérieures. En tant que responsable du projet Debian, je conserverai ces valeurs, essentielles à notre identité, au centre de mes travaux pour résoudre nos problèmes les plus pressants. Dans de nombreuses occasions, je pense que ces valeurs peuvent nous aider à trouver la voie vers des solutions. Un axiome essentiel de tout rôle d'intendance est « laissez-le dans un meilleur état que lorsque vous l'avez trouvé ». En tant que responsable, je suis déterminé à entretenir cette essence vitale pour notre projet, essence qui a conservé mon engagement toutes ces années.

Je vous remercie de votre participation aux élections cette année. C'est un honneur de servir le projet Debian et ses idéaux.

Réfutation

Je me suis toujours trouvé dans une situation un peu inconfortable avec la partie « réfutation » de la campagne pour l'élection du responsable du projet Debian, partie demandée par le secrétaire du projet. Je ne cherche pas à défier les affirmations ou la sincérité d'un quelconque de mes cocandidats. Se présenter à l'élection du responsable du projet Debian et se soumettre au haut niveau d'examen que le processus implique demande déjà pas mal de hardiesse. En conséquence, j'aimerais présenter mes réflexions sur les forces des autres candidats, plutôt que d'essayer de faire ressortir leurs faiblesses.

Je pense que j'ai beaucoup de choses en commun avec Matthew Garrett dans le sens où nous avons tous deux de fortes personnalités. Aucun de nous ne se dérobe pour relever le défi d'un statu quo. J'admire l'exubérance que Matthew apporte dans son travail pour le projet Debian.

Anthony Towns a une longue histoire avec le projet et a été intimement impliqué dans certaines parties les plus importantes de son infrastructure. Je pense qu'il apporte une « vue de l'intérieur » nécessaire aux délibérations de cette année. Anthony et moi nous ressemblons aussi car nous apprécions tous deux le genre d'engagement qu'offre un bon débat.

J'ai beaucoup de respect pour Andreas Schuldei qui est mon camarade dans le projet d'un groupe de responsables. J'apprécie beaucoup son investissement pour s'assurer que les aspects sociaux du projet Debian restent aussi bon que les aspects techniques.

Je ne connais pas très bien Angus Lees, mais quelqu'un qui a la patience d'entretenir des modules Perl détient des qualités que je n'ai pas. :)

Jonathan Walther a été très important, je crois, pour nous aider à mieux comprendre qui nous sommes et qui nous ne sommes pas. Je dois aussi confesser qu'étant donné ce que j'entretiens, j'envie un codéveloppeur qui n'a aucun bogue en cours contre ses paquets. Je n'y pense même pas en rêve.

Tous ces candidats ont quelque chose à nous offrir, mais je crois que je conviens le mieux pour les défis qu'affrontera le prochain responsable du projet Debian. Je me prépare pour ce rôle depuis plus longtemps que mes adversaires. D'autres approches ont été prises, mais le travail à venir requiert la combinaison d'assurance, de franchise et de responsabilité que j'apporte. Avec le soutien de mes coéquipiers et de tous les développeurs, je suis convaincu que je peux nous sortir des pires difficultés qui nous font face. Avec votre soutien, je pense que nous serons tous capables de nous regarder dans un miroir en mars 2006 et de ressentir un sentiment tout à fait justifier de fierté. Je vous demande humblement de voter pour moi.