Programme de chef du projet Debian

Stefano Zacchiroli
zack@debian.org
http://upsilon.cc/~zack

11 mars 2012

Version : 4.1.2
Autres formats : HTML, PDF.
Plus de renseignements sur mon site.

Je m'appelle Stefano Zacchiroli — surtout connu sous le pseudonyme Zack. J'ai exercé le rôle de chef du projet Debian pendant la période 2010-2012 (deux mandats) et me présente pour renouveler ce mandat l'an prochain.

Si vous êtes familier avec mes travaux antérieurs en tant que chef du projet Debian, ce programme peut être résumé comme suit :

  1. je suis prêt à exercer en tant que chef du projet Debian de la même façon qu'avant pour un dernier mandat ;
  2. À partir du tout début du mandat, je m'efforcerai de préparer une transition en douceur pour le prochain chef du projet en invitant les développeurs intéressés à participer aux activités de chef du projet et en faisant des comptes-rendus publics et réguliers de l'état du programme de chef du projet.

Si vous n'êtes pas familier avec mes travaux antérieurs en tant que chef du projet ou si vous voulez simplement en savoir plus, le reste de ce programme présente des renseignements personnels d'ordre général (section 1), décrit mes objectifs principaux en tant que chef du projet Debian (section 2) et met en valeur des projets plus spécifiques pour mon mandat (section 2.3). La réfutation est disponible en Annexe A.

1  Introduction

1.1  À propos de moi

Je suis devenu développeur Debian (DD) en mars 2001, peu de temps après la mise en place du processus de nouveau responsable. Mon implication dans Debian s'est réalisée en deux périodes différentes. Je me suis d'abord exclusivement intéressé à mes paquets, sans porter attention à la communauté : pas d'IRC, ni d'inscription à -devel, etc. Trois ans plus tard lors du LinuxTag 2004, j'ai découvert Debian en tant que communauté qui m'a fascinée, et j'ai augmenté petit à petit mon implication dans le projet. Mes activités les plus remarquables pendant ces années ont été :

DPL : chef du projet Debian
J'exerce actuellement le rôle de chef du projet Debian depuis avril 2010. Depuis lors, j'ai rendu compte de toutes mes activités en tant que chef du projet Debian tous les mois et tous les jours dans diverses incarnations des brèves du chef de projet Debian ainsi que sur mon blog.
PTS : système de suivi des paquets
J'ai comaintenu le système de suivi des paquets (PTS) de 2006 à 2010, participant à la maintenance quotidienne ainsi qu'à des modifications plus significatives ; plus de précisions sont disponibles sur mon blog (mon intérêt initial dans le PTS est né de l'envie de rendre les champs Vcs-* populaires, ce qui m'a conduit à écrire debcheckout).
QA : assurance qualité
De façon plus générale, j'ai longtemps fait partie de l'équipe d'assurance qualité : j'aime penser au projet comme un tout et chercher de nouvelles solutions (par exemple UDD, expiration de droits des développeurs Debian portés disparus, etc.) aux problèmes persistants.
OCaml
Une prise en charge correcte du langage OCaml a été ma motivation pour rejoindre le projet. J'ai participé à la formation de l'équipe en charge d'OCaml où j'ai commencé en tant que débutant pour finir en tant que coordonnateur. L'équipe gère maintenant environ 150 paquets source avec des interdépendances incroyablement complexes, et des besoins de transition compliqués.
RCBW : bogues critiques pour la publication (RC bug) de la semaine
De septembre 2009 à avril 2010, j'ai participé à la correction d'un bogue critique pour la publication par jour (à l'aide de mises à jour indépendantes, NMU) en initiant les bogues critiques pour la publication de la semaine, consultez la page des bogues critiques pour la publication de la semaine pour les motivations et plus de précisions. Depuis lors, l'initiative a été reprise par d'autres personnes, ce qui me fait particulièrement plaisir.
AM : responsable de candidature
J'ai rejoint le comité de nouveau membre en 2009, en devenant responsable de candidature. J'ai été le mentor de six candidats, qui sont tous devenus développeurs Debian.
Empaquetage
J'ai maintenu plusieurs douzaines de paquets pour Debian. En plus des paquets relatifs à OCaml, je suis fier de plusieurs contributions à devscripts, vim et python-debian.

Considérant la communauté comme la véritable force de Debian, j'ai régulièrement participé (et parfois un peu aidé l'équipe d'organisation) aux DebConf et à d'autres rencontres en personne comme des chasses aux bogues et des sprints.

Dans la vie, je suis maître de conférences en informatique à l'université Paris Diderot (Paris-VII) au laboratoire PPS et chercheur à l'IRILL, qui parraine et organise régulièrement des événements relatifs à Debian. Ces deux lieux sont des repaires de développeurs Debian, où les pauses-café se transforment souvent en discussions passionnantes autour de Debian. Je travaille surtout sur l'application des méthodes formelles pour étudier les systèmes basés sur des composants comme les distributions libres. Dans le cadre du travail de mon équipe de recherche, nous contribuons régulièrement en retour sous la forme d'outils pour la communauté comme edos-distcheck, edos.debian.net et d'autres services d'assurance qualité utilisés quotidiennement par Debian et d'autres distributions. J'enseigne aussi l'informatique en Licence et Master, ce qui me permet de présenter aux étudiants les pratiques et outils de développement de logiciel libre.

1.2  Pourquoi je demande à être réélu

Mes motivations d'origine pour devenir chef du projet Debian sont bien expliquées dans un programme précédent. Elles sont toujours d'actualité et sont des raisons qui me motivent pour exercer en tant que chef du projet Debian une nouvelle année.

Cette fois-ci est particulière, et j'ai trois raisons supplémentaires de vouloir être réélu.

  1. Servir en tant que chef du projet, c'est surtout bien servir le projet Debian dans des domaines particuliers : les rapports avec les autres, faciliter les discussions, prendre des décisions là où personne d'autre n'est responsable, etc. J'estime avoir réussi à offrir au projet un service convenable dans ces domaines lors des deux précédents mandats et j'ai l'énergie de continuer à le faire une année supplémentaire.
  2. Après deux ans d'expérience en tant que chef du projet, j'ai appris à réaliser ce que je considère comme les limites intrinsèques de l'institution telle qu'elle fonctionne aujourd'hui, en particulier en matière de transparence de l'essence du « travail » du chef de projet et de la « formation » des prochains chefs de projet. J'ai essayé d'atténuer ces limites en (i) documentant minutieusement mes activités de chef de projet et en (ii) demandant régulièrement des assistants pour en apprendre plus sur le travail de chef de projet en faisant vraiment des morceaux du travail de chef de projet. Ça n'a pas aussi bien fonctionné que je l'espérais ; en particulier (ii) n'a pas l'air d'avoir fonctionné du tout.

    Si vous m'acceptez pour mener le projet Debian une année de plus, je travaillerai dès le premier jour pour mettre en place des mécanismes qui assureront plus de perméabilité dans les activités de chef du projet. Le but sera de permettre aux futurs chefs du projet d'acquérir une certaine expérience dans les activités du chef du projet et de montrer leur potentiel dans cette aptitude bien avant les prochaines élections de chef du projet. En fin de compte, je pense que c'est nécessaire pour garantir la viabilité de l'institution de chef de projet sur le long terme. Certaines pistes pour assurer le succès de cette initiative sont présentées en section 2.3.1.

  3. Nous avons discuté précédemment des arguments pour ou contre l'extension d'un an du mandat de chef de projet. J'ai eu l'occasion de servir en tant que chef du projet pendant deux ans et cela m'a permis de voir l'aboutissement de tâches qui se sont étalées sur plus d'un an (par exemple la plupart des tâches légales). Mais d'autres tâches sur lesquelles je travaille depuis 2010, que j'ai menées jusqu'à maintenant, sont proches de l'achèvement (par exemple les comptes-rendus réguliers du budget, les relations avec d'autres acteurs importants de l'écosystème du logiciel libre, etc.) Si vous le voulez bien, j'adorerais terminer ma « carrière » de chef de projet en achevant ces tâches.

2  Mes objectifs

Les tâches institutionnelles du chef du projet Debian traitent de situations qui sont inconnues a priori. Par conséquent, je présente mes objectifs comme suit.

  1. Je commence par donner ma vision globale des thèmes clefs de la politique Debian. Je crois que cela, conjointement avec mes antécédents de chef du projet, pourrait vous donner une idée de mon comportement face à des scénarios imprévisibles.
  2. Ensuite je présente l'approche que j'ai l'intention de mettre en œuvre dans les tâches institutionnelles du chef de projet Debian.
  3. Enfin je présente quelques projets spécifiques que j'ai l'intention de poursuivre si je suis réélu chef du projet Debian.

2.1  Vision

Le rôle de Debian

L'écosystème du logiciel libre est vaste et en expansion. Toutes les distributions actives ici devraient être bien au fait de leurs buts propres et caractères distinctifs. Lors des deux précédent mandats, j'ai communiqué sur le rôle de Debian en remarquant que nous offrons un jeu plutôt rare, sinon unique, de fonctionnalités parmi les principales distributions libres. Ces fonctionnalités sont composées d'un mélange d'aspects techniques et politiques : (1) une attention particulière à la qualité des paquets, sans distinction entre une première et une seconde classe de paquets ; (2) une culture forte du logiciel libre, qui refuse de proposer des logiciels non libres par défaut aux utilisateurs et aux développeurs de la distribution (dans l'infrastructure utilisée pour faire Debian) ; (3) une indépendance des intérêts commerciaux, sans aucune entreprise ou entité qui pourrait prétendre entretenir Debian ; et (4) un modèle de prise de décision fondé sur un équilibre de do-ocracy et de démocratie, ce qui signifie qu'en faisant (plutôt qu'en parlant), tout le monde peut avoir un impact sur Debian.

Je crois que ce qui précède fait de Debian une actrice plutôt unique et fondamentale du logiciel libre et j'ai l'intention de continuer à présenter le projet de cette façon, à la fois à la communauté Debian et aux acteurs extérieurs. Pour plus de renseignements à ce sujet, vous pouvez consulter la douzaine de présentations que j'ai réalisées sur ce thème en tant que chef du projet ou, pour résumer, l'article Qui diable se soucie de Debian ? sur mon site et ma présentation au FOSDEM 2011, qui porte le même nom.

Contribuer à Debian

J'ai fait campagne par le passé sur le thème de voies d'accès plus progressives et gratifiantes à Debian. Les années précédentes, nous avons franchi des étapes significatives dans cette direction avec d'abord l'accueil de contributeurs non empaqueteurs dans notre projet puis en renommant le processus permettant de rejoindre Debian en processus du nouveau membre. Je suis convaincu qu'à long terme, ces modifications s'avéreront plus importantes que ce qui est visible pour l'instant. Elles ont le potentiel de rendre la monoculture que nous connaissons en culture extrêmement diversifiée dont nous avons besoin pour être fidèles à notre vocation d'universalité. Même si techniquement, les développeurs Debian non empaqueteurs ont déjà existé, nous affichons maintenant clairement que Debian apprécie de la même façon toutes sortes de contributions, et invitons de façon permanente tous les contributeurs potentiels à rejoindre notre projet. Plusieurs candidats ont déjà répondu à cette invitation.

De façon plus générale, nous devons faciliter les contributions à Debian avec toutes sortes de contributions. À propos de contributions possibles, j'ai toujours l'impression que notre capacité à garder un éventuel contributeur dépend trop de la chance qu'il aura de parler à la bonne personne. D'autres projets ont fait face à des problèmes similaires et ont mis en place des solutions fonctionnelles. Par exemple, de nombreuses autres distributions présentent une documentation sur comment contribuer en fonction du profil (consultez le bogue nº 608400). D'autres projets ont réussi à tirer profit des listes de « tâches faciles » pour guider les débutants vers leurs processus et cultures. Nous devrions apprendre de nos voisins, sans craindre de modifier sous prétexte que « ça a toujours été comme ça », et contrôler parmi les solutions établies aujourd'hui celles qui fonctionnent pour nous.

Maintenance collaborative et NMU

J'ai été un enthousiaste des équipes et de la maintenance collaborative dès leur introduction dans Debian. Je n'ai pas changé d'avis sur ces sujets depuis mon programme de 2010. En fait, j'ai radicalisé ma position et j'ai fait campagne pour encore plus de NMU (faits correctement !), comme expliqué dans les motivations de l'initiative des bogues critiques pour la publication de la semaine. Je crois que les NMU (faits correctement !) sont les meilleurs outils à notre disposition pour combattre l'inertie et contrer les effets négatifs de propriété du code à l'extrême. Nos conseils actuels pour les NMU sont en fait plutôt tolérants et permettent de protéger des responsables négligents ou non joignables, à condition de les placer dans les meilleures conditions pour pouvoir rattraper plus tard le travail réalisé dans le NMU. Je continuerai de promouvoir la pratique des NMU à chaque fois que ce sera nécessaire.

Minorités bruyantes

Il y a deux ans, j'ai fait campagne pour des sondages comme moyens de résolution de problèmes avec les minorités bruyantes sur les listes de diffusion Debian. Je crois toujours que les sondages peuvent être des outils éventuellement utiles, mais je n'ai pas vu le besoin de les utiliser pendant ces deux dernières années. Espérons ne pas ressentir le besoin de les utiliser non plus dans un avenir proche. À la place, plusieurs personnes — y compris moi — se sont souvent insérées dans les discussions pertinentes pour faire remarquer que les commentaires non constructifs de la part de personnes qui ne sont pas en charge de parties spécifiques du projet sont inutiles conformément à notre constitution (consultez le bogue nº 610262).

Rencontres en personne

J'ai fait campagne par le passé pour des rencontres en personne et ai participé à mettre en place et documenter un processus de sprints qui assure la transparence sur la façon d'utiliser l'argent de Debian. J'ai aussi déplacé le processus vers une liste de diffusion publique permettant à toute personne intéressée d'aider à l'organisation de rencontres. Enfin j'ai présenté un compte-rendu de toutes les dernières rencontres pendant DebConf11. C'est une tendance que nous devrions continuer à encourager et accroître.

Distributions dérivées

Nous avons plutôt bien travaillé avec les distributions dérivées pendant les deux dernières années, avec des initiatives comme le secrétariat des distributions dérivées, le recensement des distributions dérivées et DEX. J'ai bien pris soin de représenter Debian lors de plusieurs rencontres de distributions dérivées. Sur place, j'ai fait la promotion d'un partenariat amont-aval qui n'est plus composé par seulement deux acteurs (amont et aval), mais plutôt par une longue chaîne de fournisseurs de logiciels où chaque fournisseur a : des utilisateurs directs, des avantages par rapport à l'amont, et agit comme une plate-forme pour plusieurs projets aval. Afin de défendre les intérêts du logiciel libre — pour ceux qui comme nous s'en préoccupent — chaque acteur devrait reconnaître ses projets amont et s'efforcer de leur renvoyer (restituer) les correctifs pour intégration. Dans le cas particulier de Debian, nous devrions :

  1. être exemplaires dans nos pratiques de restitution, par exemple en suivant publiquement nos efforts à l'envoi de correctifs en amont ;
  2. faciliter autant que possible la restitution vers nous, par exemple en participant aux initiatives interdistributions et en réalisant des NMU pour les paquets où d'importants correctifs aval sont laissés sans attention dans le BTS.

Faire les deux renforcera nos requêtes de restitution aux distributions dérivées que nous ne devrions pas arrêter de présenter.

2.2  Interaction avec le projet

2.2.1  Être présent

Comme promis, j'ai fait de mon mieux pour être un chef du projet Debian présent sur les listes de diffusion, m'insérant dans les discussions quand je l'estimais nécessaire (pour résoudre un conflit, porter une discussion vers sa conclusion, surveiller le programme du projet, etc.) Que j'aie tenu promesse ou pas, et que vous ayez aimé ça ou pas, c'est à vous de juger. Pour ma part, je réitère par la présente mon intention de faire de même lors du prochain mandat.

2.2.2  Transparence

Je me suis aussi engagé à maintes reprises à informer régulièrement de mes activités de chef du projet Debian. Pendant les deux derniers mandats, j'ai fini par mettre en place un programme spécifique pour ce faire qui fonctionnait bien pour moi, et j'ai l'intention de recommencer. Pour faire court, des notes quotidiennes prises à propos de mes activités de chef du projet Debian sont mises à la disposition des développeurs Debian sur une machine du projet, en général toutes les semaines. Tous les mois, ces notes sont résumées dans des brèves du chef de projet Debian envoyées sur d-d-a. Pour les choses plus formelles comme les délégations ou autres activités dignes d'intérêt, des messages à part sont aussi envoyés sur d-d-a.

Le travail décrit précédemment prend du temps sur mes autres activités de chef du projet Debian. Quand j'ai été confronté au problème, j'ai préféré laisser tomber quelques tâches de chef du projet Debian et communiquer ou prendre des notes sur les autres, plutôt que l'inverse. Je crois fermement que le chef de projet devrait agir de cette façon et j'ai l'intention de continuer à pratiquer de la même façon lors du prochain mandat.

2.3  Projets particuliers

2.3.1  Préparation de chef de projet

Si élu de nouveau, le prochain mandat sera mon dernier mandat en tant que chef de projet, parce que j'ai d'autres projets pour mon avenir à long terme dans Debian. Avec cela en tête, je m'efforcerai, dès le tout début du mandat, de préparer une transition en douceur pour le prochain chef du projet. Le chef du projet est un rôle élu donc ce ne sera pas à moi de choisir un successeur (heureusement !) Mon intention est plutôt de mettre en place un environnement où les futurs candidats peuvent s'exercer dans les activités de chef du projet. Les appels aux volontaires n'ont pas fonctionné par le passé, mais pourraient fonctionner cette fois-ci grâce à la certitude — que je viens d'établir ci-dessus — que ce sera mon dernier mandat.

Si ça ne fonctionne toujours pas, j'ai l'intention de contacter les gens avec qui j'aimerais travailler en les invitant à participer aux activités de chef du projet. De toute façon, j'espère être capable de mettre en place un groupe de personnes suffisamment motivées pour, à la fois, aider aux tâches de chef du projet pendant le prochain mandat, et avoir un aperçu du travail de chef du projet. Que cela se réalise vraiment ou pas ne dépend pas de moi, mais du réel intérêt des personnes qui interviendront et travailleront avec moi pour s'entraîner aux tâches de chef du projet. Si cela fonctionne, j'aimerais tenir des réunions publiques mensuelles sur IRC avec les personnes qui apportent leur aide où les tâches en cours de traitement incombant au chef de projet sont examinées et les nouvelles discutées de façon plus transparente qu'en écrivant à leader@d.o.

2.3.2  Argent

(Cela fait partie des tâches sur lesquelles j'ai travaillé depuis mon premier mandat, mais qui sont toujours en cours.)

Comme je l'ai récemment indiqué dans un article, la publication régulière et détaillée des comptes-rendus sur l'argent de Debian se montre incroyablement ambitieuse, à cause de la nature éparpillée des finances de Debian. J'ai travaillé avec les commissaires aux comptes Debian pour clarifier l'état des organismes de confiance existants et mettre en place des procédures qui fonctionnent à la fois pour les commissaires aux comptes et le chef du projet, pour suivre les dépenses et connaître l'état actuel des finances de Debian (ce qui n'est pas un exercice tout à fait trivial à cause de la perpétuelle différence entre l'argent promis et dépensé). Les commissaires aux comptes ont contrôlé pendant ce temps dans une base de données (en texte) partagée de comptabilité une bonne partie des transactions d'argent des deux ou trois dernières années. Nous n'avons en substance jamais été aussi proches d'atteindre le but d'une publication régulière et durable de comptes-rendus sur l'argent.

Je travaillerai dans le but d'achever cela, car j'estime qu'il est inacceptable de demander de l'argent sans publier des comptes-rendus réguliers sur la façon d'utiliser cet argent.

2.3.3  Délégations et équipes principales

J'ai fait campagne par le passé pour la clarification des délégations. Il y a eu pas mal de progrès sur ce plan : toutes les délégations que j'ai faites et clarifiées ont des pages correspondantes sur le wiki qui contient des liens vers le texte de délégation en cours. Il reste d'autres délégations à clarifier et elles devraient être documentées correctement sur la page d'organisation de notre site web.

J'ai aussi fait campagne pour trouver de nouveaux participants pour les équipes principales afin qu'il y ait au moins trois membres et des assistants dans chacune. Du travail a été achevé dans cette direction, mais c'est une tâche toujours en cours sur laquelle j'ai l'intention de continuer à travailler.

2.3.4  Entreprises

L'an passé j'ai fait campagne sur le besoin de permettre aux entreprises intéressées par Debian de se rassembler et se rapprocher de nous. Lors d'un récent entretien, j'ai déclaré :

[…] Je me rends bien compte que pour la réussite des logiciels libres, les entreprises, employés et salariés ont tous un rôle à jouer. J'admire les projets qui maintiennent un bon équilibre entre le travail bénévole et rémunéré. Le noyau Linux est un modèle de cela : de nombreux développeurs sont rémunérés par des entreprises qui ont un intérêt commercial ou stratégique en Linux. Néanmoins, les contributions bénévoles sont en profusion et la communauté Linux donne une impression convaincante que les choix sont pilotés par la communauté elle-même (ou par son bienveillant dictateur) sans contraintes dictées par l'argent.

Un tel écosystème n'existe pas autour de Debian. Nous avons un programme de partenariat qui a le mérite d'exister, mais nous avons très peu de partenaires intéressés au travail de développement de la distribution. […] Je m'inquiète de cette situation car elle signifie de fait que nous sommes à la traîne en matière de puissance de gens disponibles. Dans une communauté de bénévoles, cela peut frustrer les gens et ce n'est pas bon.

Après avoir travaillé dans ce sens, nous avons maintenant une liste de diffusion -companies prête à accueillir les inscriptions des représentants d'entreprises ayant des intérêts stratégiques communs et étant particulièrement attachées à Debian. Ce n'est cependant qu'une partie du tableau. D'un côté, nous devons inviter les entreprises à rejoindre l'initiative ; j'y viendrai avant la fin du présent mandat. De l'autre côté, nous devons initier les activités de ce « groupe d'utilisateurs » spécifique et être à l'écoute de leurs besoins, sans compromettre l'indépendance de Debian. J'ai l'intention de travailler là-dessus pendant le prochain mandat.

2.3.5  Enquêtes auprès des utilisateurs

L'an passé, j'ai fait campagne pour mettre en place des enquêtes régulières auprès des utilisateurs pour répondre aux questions auxquelles nous ne pouvons pas répondre nous-mêmes. Malheureusement, je n'ai pas pu travailler là-dessus lors de ce présent mandat et personne ne s'est porté volontaire pour s'en charger. Je pense toujours que cela vaut la peine de mettre en place des sondages réguliers d'utilisateurs et j'essayerai de m'en occuper lors du prochain mandat.

2.3.6  Communication et publicité

Je suis fier d'avoir participé aux activités des équipes en charge de la publicité et de la presse depuis que je suis devenu chef du projet en 2010.

Grâce aux membres des deux équipes, j'ai l'impression que nous sommes en permanence au sommet de notre communication à propos de Debian. Par exemple, après avoir envoyé plus d'annonces en 2010 que lors des années précédentes et même depuis fort longtemps, 2011 a été encore meilleure de ce point de vue. Nous avons aussi continué à utiliser des moyens de communications sociaux respectueux des logiciels libres comme identi.ca. Je pense que nous devrions continuer cette tendance. Il manque encore à Debian un blog officiel, mais il y a eu du progrès ces derniers jours grâce aux administrateurs système Debian et aux équipes en charge de la publicité et de la presse, avec mon aide.

J'ai l'intention de rester impliqué dans l'équipe en charge de la publicité comme je l'ai été ces deux dernières années.

2.3.7  Équipes locales

(Cela fait partie des tâches sur lesquelles j'ai travaillé depuis mon premier mandat, mais qui sont toujours en cours.)

Debian manque d'un réseau structuré d'équipes locales et groupes d'utilisateurs Debian. Je me suis rendu compte de cela lors des deux derniers mandats, dès que des gens ont commencé à me poser des questions comme qui puis-je contacter pour un événement à $ville ? ou connaissez-vous des rencontres régulières au sujet de Debian à $ville où nous pourrions venir ? Nous avons quelques réponses à apporter, ce que j'ai récemment résumé lors d'une commission au FOSDEM 2012, mais ça ne remplace pas un réseau d'équipes locales.

D'autres distributions ont mis en place de tels réseaux et leur expérience semble montrer qu'ils sont utiles non seulement comme points de contact locaux pour les événements, mais aussi comme cercles de départ pour aider les utilisateurs à devenir progressivement de plus en plus impliqués dans la distribution. Je pense que nous devrions envisager quelque chose d'analogue pour Debian. J'ai signalé l'idée de temps en temps aux communautés locales que j'ai rencontrées lors de présentations et le retour a été très favorable en général.

Informations supplémentaires

Temps consacré

Être chef du projet Debian est un défi ; pour réussir, le travail doit être pris au sérieux. Pendant la durée du mandat, je mettrai en pause mes autres engagements dans Debian, comme je l'ai fait lors des deux précédents mandats : c'est un devoir envers les anciens collaborateurs et un compromis honnête pour éviter l'explosion.

Sur le même thème et dans un souci de transparence : certains candidats au poste de chef du projet Debian ont par le passé déclaré être capables d'être chef du projet Debian à plein temps. Je ne peux pas me le permettre. Je propose que tout mon temps Debian en tant que bénévole soit consacré au travail de chef du projet Debian. Ma situation professionnelle a cependant évolué depuis la dernière élection de chef de projet. Depuis septembre 2011, je suis devenu un fonctionnaire français. Je bénéficie toujours de la possibilité de réorganiser une partie de mon agenda en cas de besoin. Cependant, j'ai aussi plus de contraintes liées à mon service d'enseignement qui ne me permet pas toujours, par exemple, de prendre une semaine et traverser un océan pour rejoindre un événement Debian. Cela dépendra du moment de l'année où le besoin se présentera. Cela n'a pas posé de problème pendant les six derniers mois, et je ne pense pas que ça en posera lors du prochain mandat.

Comme la plupart d'entre nous, je suis en général disponible non seulement par courrier électronique, mais aussi sur IRC, par téléphone, etc.

A  Réfutation

A.1  Wouter Verhelst

Un des points forts du programme de Wouter — en tout cas tel que je l'ai lu — est que le chef de projet devrait présenter une vision ; il écrit : En tant que chef de projet, je pense que ce serait mon travail de présenter une vision. Je partage pleinement cet avis. En fait, c'est la raison pour laquelle j'ai habituellement commencé mes programmes de chef de projet par une vision politique globale de Debian et de son environnement. C'est aussi pourquoi j'ai, depuis le tout début de mon mandat de chef de projet, accumulé une liste de raisons pour lesquelles le projet Debian est un acteur fondamental dans le monde du logiciel libre et ai parcouru le monde pour présenter cette vision. Je me considère par conséquent moi-même plutôt attaché à cette idée.

Au moment d'expliquer sa propre vision du projet Debian, je trouve que le programme de Wouter est creux. Il signale que Debian devrait être un lieu accueillant pour travailler sur les logiciels libres (ce qui fait partie des desiderata de presque tous les projets de logiciels libres existants) et qu'il travailler[a] sur ce problème de Debian, victime d'une réputation quelque peu démodée et dépassée. Ces intentions sont légitimes, mais je pense qu'une vision pour le projet devrait être beaucoup mieux articulée que ça.

Un autre point fort du programme de Wouter est à propos d'un chef de projet plus meneur et de faire pression pour changer les choses. Dans ce cadre, une importante partie du programme passe en revue mon mandat de chef du projet — ce qui est tout à fait légitime de faire, avec un chef du projet sortant qui est aussi candidat — en se focalisant sur deux points : i. la réticence aux changements et ii. les tâches et procédures administratives. Sans surprise, je suis en total désaccord avec son impression d'avoir été réticent aux changements. En fait j'ai le sentiment opposé d'avoir fait pression pour changer les choses à de nombreux niveaux, y compris des changements politiques, de vision et culturels importants. En fin de compte, c'est de toute façon aux membres du projet d'en juger. J'ai deux commentaires à propos de (ii). Le premier est constitué par le fait que les tâches administratives, qu'on le veuille ou non, constituent une partie significative du travail de chef du projet qui ne devrait pas être négligée, au risque de porter préjudice au projet. Le second est à propos des procédures : j'ai mentionné ailleurs que ce sont des moyens pour parvenir à certaines fins, c'est-à-dire des implémentations possibles de modifications que l'on veut réussir.

A.2  Gergely Nagy

J'ai trouvé le programme de Gergely plutôt intéressant, … et certainement pas que pour le ton amusant dans lequel il est écrit ! Pour commencer, sa représentation imagée de concourir pour le poste de chef de projet comme marcher sur une planche savonneuse est plutôt vraie et, d'après mon expérience, s'applique aussi très bien au rôle de chef de projet. D'après ce qu'en dit le programme, Gergely semble avoir une histoire dans le projet comparable à la mienne, où l'inspiration de la communauté (et de DebConf en particulier) a joué un rôle très important.

Je suis d'accord à la fois avec son estimation du besoin d'attirer au sein des équipes principales de Debian des talents passionnés à l'intérieur du projet, ou de l'extérieur et avec la proposition d'utiliser la communication comme un moyen pour réussir cela. C'est en revanche bien plus facile à dire qu'à faire. Un des premiers problèmes est que l'ensemble de talents réunis dans le projet est très hétéroclite : nous avons de très bons programmeurs et de très bons communicateurs, mais l'intersection a tendance à être plutôt réduite. Je suis d'accord avec Gergely sur le fait que nous nous sommes beaucoup améliorés (l'ouverture de l'adhésion au projet pour toutes sortes de contributeurs y a participé), mais pour l'instant nous ne pouvons simplement pas compter sur nous tous à être volontaires, ou efficaces, pour communiquer de façon à attirer des contributeurs. Ce que nous devons faire est plutôt de mettre en place des motivations pour encourager à réaliser la communication, et je suis un peu déçu par le manque d'exemples de ce type de motivations dans le programme de Gergely. J'imagine qu'il a l'intention de montrer l'exemple là-dessus, ce qui est très bien. D'après mon expérience, néanmoins, — de la part de quelqu'un qui a poursuivi plusieurs équipes à plusieurs reprises pour communiquer régulièrement à propos de $ceci ou $cela — ce genre d'approche ne tient pas la charge.

À propos du recrutement, Gergely écrit que nos tentatives de recrutement nous font — je crois — défaut. Je suis d'accord, mais seulement parce que tout est perfectible. Déjà, nous réussissons bien à attirer les développeurs des distributions dérivées. Présenter un point de vue des relations amont-aval qui encourage le rendu et la contribution autant en amont que possible à l'air de fonctionner (et de fait, attirer des développeurs était une de mes motivations pour commencer à le faire). De même, il manque au programme de Gergely des références aux autres facteurs importants pour attirer et garder des contributeurs, comme notre site, notre documentation et les activités en cours de -publicity.


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