Programme de Chris Lamb

Chers amis développeurs,

C'est un honneur et un privilège d'être simplement un développeur de Debian, sans même parler d'avoir été choisi pour les représenter. Je suis donc extrêmement fier et humble d'avoir rempli le rôle de chef de projet tout au long de l'année 2017.

Être le chef de projet est une tâche très dure. En fait, il est même difficile d'expliquer exactement comment, et même toutes les statistiques n'en rendent pas bien compte. Toutefois, je commence maintenant à comprendre le regard des anciens chefs du projet lorsqu'ils me félicitaient pour ma nomination. Les futurs candidats ne devraient pas prendre leur candidature à la légère.

Mis à part cela, j'ai appris beaucoup de choses durant mon mandat à la fois sur le fonctionnement interne du projet (vous seriez surpris de la quantité de travail accompli en coulisse, entre autres, par le trésorier ou l'équipe Trademark), mais aussi sur moi-même. J'ai beaucoup appris et mûri en tant qu'individu durant l'année grâce à mes nouvelles relations et mes expériences nouvelles.

Au lieu de lister des réalisations concrètes, je dirais que j'ai fait preuve d'engagement sur beaucoup des valeurs centrales que nous partageons tous. Par exemple, j'ai fortement augmenté l'engagement et l'investissement de Debian dans nos initiatives de sensibilisation à la fois en termes concrets et en améliorant leur visibilité. J'ai approfondi la communication inter-projet avec les distributions dérivées et avec de plus gros projets amont tels que Gnome et KDE, aussi bien qu'avec des projets « quasi-indépendants » comme FreeBSD. J'ai mis un point d'honneur à vous représenter à des conférences aussi bien que, d'une façon moins formelle, dans toute une série de causes qui en valaient la peine comme le soutien à la libération de Dmitry Bogatov ou la campagne Argent public, code public. J'ai aussi été plus qu'un « visage public » sur les médias sociaux.

En outre, j'ai démontré que j'étais ferme sur les questions philosophiques de qualité et dans notre engagement pour la liberté des utilisateurs, tout en restant — avec quelques regrettables exceptions — raisonnable, rationnel et objectif. J'espère avoir réussi à jongler avec les différentes « casquettes » que j'avais comme développeur ordinaire, sans conflit d'intérêt également.

Ma conviction pour des communications franches et claires m'a conduit à poster des nouvelles mensuelles fiables sur ce que j'ai fait pour vous représenter, vous et le projet dans son ensemble. Il y a eu des moments où j'aurais préféré en révéler plus, mais dans l'économie du don du logiciel libre, dans le doute, j'ai toujours préféré ne pas m'attribuer de mérite en révélant des confidences ou en anticipant des annonces plus officielles.

D'un autre côté, c'est avec certain regret que j'ai consommé une partie importante de mes efforts et de mon énergie à arbitrer un nombre important de problèmes relationnels anti-harcèlement compliqués. Je les mentionne ici, ni pour râler ou me plaindre, mais uniquement parce que ces problèmes, forcément, font peu ou pas de bruit à l'extérieur et sont donc par ailleurs invisibles.

Plus important, ces problèmes ont coûté une somme disproportionnée d'énergie ou d'emploi du temps qui font — dans la mesure où ils m'ont éloigné moi et d'autres de la réalisation de projets exposés dans mon programme — que je n'étais vraiment pas convaincu que je me représenterais à l'élection jusqu'à très récemment pour un problème d'éthique personnelle. En effet, je ne l'aurais pas du tout fait, si je n'avais pas reçu des paroles d'encouragement profondément touchantes d'un certain nombre d'amis proches. Ils ont souligné qu'une année, en particulier comme chef du projet, ce n'était pas si long. D'une certaine manière, ils m'ont conseillé que je devrais me considérer seulement comme débutant et seulement prêt maintenant à assumer de plus grands changements.

Debian a naturellement certains défis à relever, mais je crois sincèrement que le projet demeure toujours aussi solide. Nous sommes remarquablement qualifiés et particulièrement prêts pour améliorer l'écosystème du logiciel libre dans son ensemble. En outre, notre exceptionnelle réputation d'excellence technique, de stabilité et dans le domaine du logiciel libre demeure fortement respectée, et la perte de ces valeurs serait sûrement le début de la fin de Debian. Comme toujours, ce dont nous avons besoin, c'est simplement de ne pas nous entraver nous-mêmes.

Nous pouvons encore faire beaucoup mieux pour accueillir les utilisateurs qui ne nous connaissent pas. Dans ce contexte, nous mettons obstinément et aveuglément la perfection technique au-dessus de toutes les autres considérations. Mais en ne montrant pas assez d'empathie pour les nouveaux venus ou pour ceux qui n'ont pas notre expérience, nous nous aliénons des utilisateurs et de contributeurs potentiels et échouons dramatiquement à communiquer notre véritable message. Encore une fois, nous pouvons être notre pire ennemi.

Mais à quoi pourrait vraiment ressembler un second mandat ? Au-delà de quelques changements ici ou là, je crois qu'il n'est pas trop arrogant d'affirmer que je ne changerai pas beaucoup mon approche. Cependant, si je suis honoré par votre réélection, je ne traiterai pas seulement les problèmes abordés plus haut avec un élan renouvelé, mais je serai plus proactif en allant à la rencontre des équipes avant que des soucis potentiels deviennent de véritables problèmes. En partie, cela nécessite une certaine disponibilité, et donc l'optimisation de mes méthodes de travail pour mes responsabilités quotidiennes comme chef du projet sera essentielle pour atteindre cet objectif. Je faciliterai encore plus les réunions réelles ; les parties de chasse aux bogues, les sommets, les rencontres (« sprints ») sont plus que gratifiants socialement, mais aussi incroyablement productifs pour le projet.

J'ai été extrêmement fier d'avoir rempli le rôle de chef de projet et de vous avoir représentés tout au long de l'année 2017. Les personnes que j'ai pu rencontrer grâce à cela, ont été, presque sans exception, vraiment formidables. Je voudrais terminer en remerciant sincèrement tous ceux qui m'ont fait confiance et leur demander de prolonger cette confiance pour un second mandat.

lamby


Qui suis-je ?

Je suis un programmeur de Cambridge, en Angleterre, âgé de 32 ans. Après avoir travaillé dans le monde des startups (y compris en participant à l'incubateur Y Combinator ), je suis devenu travailleur indépendant et aborde avec plaisir les perspectives que cela me procure dans ma contribution au logiciel libre.

Dans Debian, alors qu’initialement j’étais un étudiant du « Google Summer of Code », je suis devenu un développeur Debian officiel en septembre 2008. Depuis lors, j’ai été FTP Assistant, membre des équipes Debian Live, Debian Installer, Python, X.Org et JavaScript, en plus d’être un participant dans les démarches de QA. Plus récemment, je me suis engagé dans le projet des constructions reproductibles et j'ai contribué largement à Lintian.

Je suis responsable d'un certain nombre de paquets, mais ai aussi écrit une assez bonne quantité de logiciels spécifiques à Debian tels que AptFS, installation-birthday, debian-bts-applet & travis.debian.net. Je suis aussi l'auteur original du robot IRC #debian-devel-changes et de Debian Timeline. Dans le cadre de mon travail sur le projet Debian Long Term Support, je publie un rapport mensuel sur les travaux que j'ai réalisés concernant le logiciel libre. Je suis aussi le responsable de beaucoup de logiciels non-Debian.

Lorsque je ne code pas, je suis un lecteur boulimique et un spectateur de films, ainsi qu’un musicien classique avec un intérêt particulier pour la musique ancienne.