La typographie française

Introduction

La langue française impose des règles typographiques très strictes qu'il faut essayer de respecter. La typographie est l'ensemble des règles de mise en page d'un document que ce soit la distance entre les mots, leur césure, leur disposition ou bien l'usage de la ponctuation.

Bien entendu, on ne peut pas toujours respecter toutes les règles en usage pour la bonne raison que ces règles de mise en page ne sont applicables que pour un format qui permet de fixer la mise en page une fois pour toute. Ces formats sont les suivants : le dvi, le PostScript et le pdf. À noter que ces trois formats sont à peu près équivalents et que l'on passe sans trop de difficultés d'un format à l'autre. L'inconvénient est que ces formats sont des formats binaires et qu'ils nécessitent donc des outils spécifiques pour leur lecture (respectivement xdvi, gv et xpdf). L'avantage est que le lecteur ne peut modifier le fichier source et que l'on est sûr que la mise en page et l'information ne vont pas être changées.

Il existe beaucoup d'autres formats utilisés qui sont des formats textes, avec ou sans balises. Ces formats sont lisibles directement avec un éditeur de texte ou bien avec des outils dédiés qui mettent en page (comme un navigateur pour le HTML). On peut résumer ces formats au texte pur (caractères ASCII ou iso-latin 1 ou 15, ou désormais UTF-8 pour les traductions de Debian) et au HTML. L'inconvénient de ces formats est qu'il n'y a pas de mise en page facile à respecter pour deux raisons : la première est que la mise en page dépend du navigateur utilisé, de la police utilisée et de la façon dont la machine interprète le tout. Comme il n'y a pas vraiment de standard de rendu, le résultat varie beaucoup d'un environnement à l'autre. Deuxièmement, certains formats comme le texte sont extrêmement limités dans leur capacité de mise en page, ce qui implique évidemment de ne pas pouvoir respecter toutes les règles de typographie.

La ponctuation

On différencie deux types de ponctuation : la basse et la haute. Elles sont définies par rapport à la ligne de base, c'est-à-dire la ligne virtuelle sur laquelle s'appuient les lettres pour s'aligner. La ponctuation basse est composée des signes suivants : le point, la virgule et les points de suspension. La ponctuation haute est composée du reste : le point-virgule, les deux-points, le point d'interrogation, d'exclamation, les guillemets et les parenthèses.

L'espace insécable

L'unité de l'espace de base en typographie est le cadratin. Pour ceux qui connaissent, elle est égale à « 1 em » sous TeX. Cette espace est variable et dépend de l'environnement (polices, graisses, etc.). Voici ce qu'impose la typographie française :

SigneEspace (intervalle)Espace (préconisée)
;(avant) insécable et fixe entre 10/100 et 24/100 aux environs de 10/100
:(avant) insécable et fixe entre 10/100 et 24/100 aux environs de 24/100
!(avant) insécable et fixe entre 10/100 et 24/100 aux environs de 24/100
?(avant) insécable et fixe entre 10/100 et 24/100 aux environs de 24/100
«(après) insécable et fixe entre 10/100 et 24/100 aux environs de 24/100
»(avant) insécable et fixe entre 10/100 et 24/100 aux environs de 24/100

Notons que l'espace fine en typographie vaut 25/100 de cadratin.

On ne peut transcrire aisément la finesse de la taille de l'espace préconisée mais on peut toujours au moins en mettre une. Et de plus la forcer à être insécable. C'est le rôle par exemple de la balise html   (no breaking space) ou du caractère obtenu avec Alt+Espace sous vim.

Les guillemets

Les guillemets français sont le « pour le guillemet ouvrant et le » pour le fermant. Tout autre type de guillemet est a priori à proscrire. Les notations anglosaxonnes du genre « " » ou bien « " " » sont donc à traduire. Il ne faut évidemment pas oublier les espaces insécables après le guillemet ouvrant et avant le guillemet fermant.

L'accentuation

On accentue normalement les éléments qui doivent l'être. On rappelle à ce sujet qu'une lettre capitale est une lettre comme les autres et doit être accentuée. Il n'y a pas besoin d'utiliser les artifices des premières version de HTML (é pour « é ») même si, techniquement, cela est parfaitement supporté. Le problème est que cela rend la relecture très difficile. Il y a suffisamment de balises indispensables pour ne pas en ajouter d'autres.

Les mots étrangers

Les mots étrangers cités dans votre traduction sont à mettre en évidence. En typographie, on utilise généralement l'italique pour cela. Par exemple, en HTML, il vous faudra utiliser les balises <i> et </i>. Voici une liste non-exhaustive de termes à mettre en italique :

Attention, le sigle cf., lui, ne doit pas se mettre en italique.

Les majuscules

Les titres

Les anglophones ont l'habitude d'utiliser des majuscules sur tous les mots d'un titre : « Debian GNU/Linux: Guide to Installation and Usage ». En français, seul le premier nom et les adjectifs qui le précèdent comporteront une majuscule : « Debian GNU/Linux : guide d'installation et d'utilisation ».

Au début d'une phrase

Après un deux-points

Lorsque celui-ci annonce une citation fictive ou réelle en style direct (mais non quand il précède une explication ou une énumération) :

Il ne répondait pas à la question que se posait chacun d'entre nous : À
quoi cela sert-il ?
Le père demanda : « Pourquoi as-tu agi ainsi ? »

Parfois même sans les deux-points

C'est aux cris de Vive l'empereur ! que la foule accueillit le
souverain.

Au départ d'un alinéa

Même s'il n'est pas au début de la phrase.

Commençant directement par le texte :

Nous étudierons successivement :
L'illusion de la sécurité collective ;
La diplomatie des coups de force ;
Le déclenchement de la guerre.

Commençant par un numéro ou une lettre de classification, suivi d'un point :

Le Code pénal français distingue trois catégories d'infractions :
1. Les crimes ;
2. Les délits ;
3. Les contraventions.

Les énumérations

La phrase est brisée entre l'introduction et l'énumération

Il faut alors une capitale à chaque partie et on doit utiliser en tête de ligne des signes de ponctuation comportant un point, comme 1. IV. ou C. Il faut terminer chaque énumération par un point-virgule et cela même s'il se trouve n'importe quel autre signe typographique dans l'énumération. La dernière énumération est marquée d'un point. S'il y a une sous-énumération imbriquée dans une énumération, il faut alors une minuscule au début et une virgule à la fin de chaque partie, avec le point-virgule marquant la fin de l'énumération reporté à la fin de la dernière sous-énumération.

A. Ceci est une partie d'énumération ;
B. Ceci est une deuxième. Remarquez bien la ponctuation ;
C. Ceci introduit une sous-énumération :
	. pas de majuscule ici,
	. virgule à la fin,
	. sauf ici, c'est le point-virgule ;
D. Ceci met le point final de l'énumération.

La phrase est continue entre l'introduction et l'énumération

Il faut alors une minuscule initiale à chaque partie et on utilise en tête de ligne des signes de ponctuation ne comportant pas de point cette fois, du genre - i) ou 1°.

La Grande-Bretagne comprend :
- l'Angleterre ;
- l'Écosse ;
- le Pays de Galles.
Pour cette explication de traducteur à traducteur,
- j'aurais souhaité faire plus simple,
- expliquer plus concrètement,
- voire, concocter un document ps :
	a) plus complet,
	b) plus élégant,
	c) mais peut-être trop lourd finalement.

Cohérence

Il faut savoir que nos amis anglophones ne prennent pas souvent soin d'être constants dans le choix de la catégorie grammaticale du mot débutant chaque partie d'une énumération. Si on choisit un verbe pour la première partie d'une énumération, on commencera toutes les autres parties de la même énumération par un verbe. Etc.